En à peine un an, les voitures autonomes sont passées du stade de concept, à celui de réalité. Cette révolution concerne tous les types de véhicules, des voitures particulières aux taxis, en passant par les bus et les poids lourds. Cependant, si l’on met de côté la dimension « conduite du changement » (sans jeu de mots !) et une législation encore floue à ce sujet, plusieurs questions subsistent. Jusqu’où les infrastructures auront besoin d’être revues ? Comment les compagnies d’assurances envisagent-elles d’adapter leur politique face à des véhicules sans chauffeurs ?
Retour sur ce qui sera certainement un tournant dans l’histoire de l’automobile.

À l’heure actuelle, cartographies, systèmes de navigation, radars et caméras sont autant de technologies indispensables au fonctionnement d’une voiture autonome. Ceci dit, cette armada de capteurs restera inutile si elle n’est pas couplée à une unité d’intelligence artificielle capable d’analyser les données de la route en temps réel. Sans compter que celle-ci devra dans la foulée, reproduire toute la « cinématique psychomotrice » de l’humain face à une situation donnée.

Désormais, les voitures autonomes ne relèvent plus de la science-fiction. À quel moment cette technologie prendra le dessus sur nos habitudes ? Avant d’envisager un déploiement de masse, nombre de problématiques sous-jacentes reste à éclaircir.

Le réseau routier a lui aussi besoin d’une mise à jour

Cela commence par une sérieuse révision des infrastructures dont dépendent étroitement les systèmes d’aide à la conduite. Le marquage au sol se doit d’être irréprochable sur l’ensemble du réseau routier pour permettre à ces dispositifs de fonctionner correctement. Or, que ce soit dans nos contrées ou ailleurs, c’est rarement le cas.

Se pose aussi la question de la signalisation en cas de mauvaise visibilité (fort ensoleillement, brouillard etc…). Les caméras y verront-elle mieux que l’œil humain ? Audi a récemment répondu à cette question de manière fort brillante en dévoilant son système Traffic Light Assist. Ce dernier relie en temps réel les automobiles de la marque au réseau de signalisation d’une ville donnée. Le but ? Offrir au chauffeur une conduite plus sereine.

La ferveur générale autour du projet tend à occulter le travail à effectuer en amont. Vient alors LA question : qui, de l’État ou des constructeurs, mettra la main à la poche pour régler la note ?

audi traffic light system

Audi Traffic Light System

En marge du réseau routier, on peut imaginer que des infrastructures comme les parkings devront elles aussi bénéficier d’un lifting similaire. La géométrie des places ou les système de paiement seront nécessairement à revoir. À quoi bon posséder une voiture autonome si cette dernière ne nous libère pas d’une tâche aussi rébarbative que de se garer ?

Quels impacts pour les assurances ?

Autre point, comment les compagnies d’assurances se préparent-elles à accueillir ce bouleversement ? Il est parfois compliqué de déterminer les responsabilités de chacun lors d’un simple accrochage. Il le sera – peut-être – encore plus lorsqu’il s’agira de reconstituer un événement impliquant plusieurs voitures autonomes.

À mesure que la technologie sera rendue accessible au plus grand nombre, des accidents impliquant le facteur humain seront vraisemblablement à prévoir. Il faudra bien que chacun s’adapte à cette nouvelle façon d’aborder la « conduite ». D’autres dommages, provoqués par exemple par la panne d’éléments périphériques comme des capteurs ou un satellite, seront également à prendre en compte. Il sera alors nécéssaire de compléter les garanties existantes.

Conduite autonome

La cybersécurité devra elle aussi faire l’objet de toutes les attentions. En cas de piratage, qui paiera ? Assureur ou constructeur ?

Même si ces questions demeurent pour le moment sans réponse, une chose est sûre, les assureurs devront très rapidement adapter l’étendue de leurs garanties.

L’IA, élément-clé de la voiture sans chauffeur

Enfin, si l’avenir du véhicule autonome passe inévitablement par la case intelligence artificielle, n’oublions pas que cette dernière va de pair avec le machine learning. Et ceci nécessite l’intégration d’une quantité astronomique de variables propres à chaque situation. Google est d’ores et déjà en train de compiler ce volume énorme de données afin d’alimenter les systèmes de ses véhicules sans conducteur. Ce sont en effet l’environnement et les conditions de circulations qui déterminent notre façon de conduire. Pourquoi en serait-il différent pour une voiture douée d’une forme de « raison » ?

Peut-être sommes-nous trop occupés à nous émerveiller des technologies embarquées par les véhicules autonomes. Les changements à apporter à notre environnement routier actuel représentent, il est vrai, un côté nettement moins attrayant. Pourtant, qu’il s’agisse de législation, d’infrastructures ou de couverture en matière d’assurances, un effort de taille reste à fournir en amont avant de passer le volant.