Uberisation, Überisation, Ubérisation, Übérisation ? Un mot, différentes définitions et d’innombrables interrogations.

«Historiquement, l’organisation de la production à vaste échelle avait toujours supposé la mise en place d’une entreprise, or ce n’est plus nécessaire», observe l’économiste Jean Pisani-Ferry

Vous êtes peut-être dans la même situation que moi à vous interroger sur tout ce que peut impliquer ce terme et l’avenir de votre savoir faire dans la numérisation de notre monde. D’ailleurs, serait-il possible de réaliser l’uberisation de Mars ?

Comment Uberiser ?

Le mot n’est pas encore rentré dans le dictionnaire français que Wikipédia a décidé, en Février 2015, d’en définir le terme. Wikipedia d’ailleurs, n’est ce pas le meilleur exemple de l’uberisation de notre société. « Cette encyclopédie libre » a-t-elle uberiser les éditeurs de dictionnaire et d’encyclopédies en proposant un service collaboratif et gratuit ? La gratuité est la première variable pour établir la définition d’uberiser. En effet, à l’heure actuelle uberiser une activité économique ce n’est pas l’offrir gratuitement mais pouvoir proposer le même service avec un prix cassé sur le marché habituel. Donc on ne peut pas affirmer que Wikipedia a uberiser les éditeurs papier.

Aussi Wikipedia nous propose la définition suivante de l’uberisation : « adoption d’un modèle de commerce consistant à mettre des ressources à disposition des clients depuis leurs smartphones, à tout moment et sans délai».

Le paramètre temporel finalise cette définition. Aujourd’hui nous sommes dans l’instantané et l’ère des plateformes qui suppriment les intermédiaires entre producteur et acheteur. Ce qui nous ramène à la notion d’ATAWAD (Any Time, Any Where, Any Device).

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Il va falloir être en capacité de proposer un service innovant, bien souvent basé sur la collaboration, avec un prix cassé sur une échelle temporaire de très court terme pour pouvoir uberiser une activité économique déjà existante. Surtout, pour être uberisateur, le service devra être adopté par une partie de la population jusqu’à rentrer dans les habitudes de consommation et remettre en question le modèle actuel.

Collaboration et uberisation

Le terme « uberiser » caractérise l’emballement digital de l’économie mondiale qui accélère le partage et la suppression des intermédiaires entre les individus. Deux notions importantes n’ont pas été mentionnées plus haut : celui de plateforme et de collaboration. Uber est une plateforme, ebay est une plateforme, amazon est une plateforme, etc. tous les géants de l’internet aujourd’hui ne produisent rien. Le succès de ces plateformes reposent sur la transparence et la collaboration. L’un ne va pas sans l’autre.

En effet, ces plateformes tiennent leur succès de leur communauté qu’elles ont su créer afin d’attirer d’autres internautes à consommer. Les avis, notations et commentaires sont rassurants. Les consommateurs se trouvent ainsi confronter à des avis fiables auxquels ils peuvent se référer pour faire confiance au vendeur et savoir quel produit ils vont acheter. Sur les plateformes, la transparence est née de la collaboration.
Sur Uber, il n’y aurait pas eu autant de collaboration sans le système de notation. Les utilisateurs d’User notent leur trajet, le service acheté, et les conducteurs notent les clients. La plateforme est totalement transparente. Sur ebay, même logique, les acheteurs notent les vendeurs et inversement. Imaginez un instant ces plateformes sans notation, sans transparence.

C’est pourquoi l’uberisation de notre société est liée à la collaboration pour obtenir une totale transparence du service proposé. Pour uberiser un métier ou un secteur économique il faudra être capable de créer une communauté impliquée avec un système de notation tangible. Tous les grands uberisateurs de notre société actuelle, Uber, airNB sont nés dans un esprit collaboratif.

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Jusqu’où l’uberisation de notre économie peut-elle aller ?

On a tous entendu qu’un tel secteur allait se faire uberiser, qu’un autre était en cours d’uberisation ou bien qu’un métier, comme juriste était sous la menace du mot

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à onze lettres. Tous les secteurs et professions sont potentiellement concernées par l’uberisation. L’une des principales raison c’est le changement de comportement des consommateurs qui recherchent de l’immédiat, du bas prix et qui peuvent être rassurés de leurs achats. La crise a fait évoluer les mentalités, nous sommes en recherche de dépenses raisonnées et responsables. Aussi, dans un futur, sommes-nous destinés à devenir de véritables couteaux suisses de nos talents et savoir faire acquis durant notre vie passée et future ? Cette question est légitime lorsque l’on constate que les annonceurs peuvent aujourd’hui déposer un projet graphique sur des plateformes, comme creads.fr et avoir une centaine de réponses pour un budget divisé par 10 par exemple. Le CDI serait menacé et l’uberisation de notre société nous amènerait vers l’ère de la précarité. Est-ce bien vrai ? Non car les plateformes nous permettraient alors de démultiplier nos revenus sur tous les secteurs d’activité imaginables. Oui car la concurrence serait telle que le travail réalisé ne serait pas rémunéré à sa juste valeur.

La concurrence parlons-en. A chaque changement d’ère économique, les entreprises se sont adaptées. Il est certain, si uberisation il y a, que le même mouvement se produira. Il y aura des concurrents d’AirNB comme il y a des concurrents d’Amazon aujourd’hui. Le phénomène est déjà en marche. Des chauffeurs privés se sont regroupés pour proposer un service qui fera face à Uber. Ainsi chaque secteur d’activité va s’adapter pour survivre en reprenant le système économique d’Uber. La théorie de Darwin n’est pas uniquement applicable pour les espèces.

Cependant, des métiers et des secteurs ne semblent pas être assujettis aux caractéristiques qui font le succès d’Uber. La confidentialité, le sport de haut niveau, les compétences à haute valeur ajoutée, les biens spécifiques, les secteurs du luxe semblent être inertes à cette uberisation. Leurs points communs que sont le prix et l’aspect juridique sont clairement des freins au développement de plateformes uberisantes qui reposent sur les prix cassés. Alors pourquoi pas des plateformes qui favorisent la montée des prix ? Imaginez un Zlatan Ibrahimovic qui se proposerait de jouer à la date du 29 Novembre au plus offrant.

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Nous ne pouvons quand même pas exclure cette éventualité où des plateformes construiront leur business model sur la collaboration très haut de gamme, réservé à quelques privilégiés. UberCopter en est un très bel exemple. Si l’uberisation ne semble pas une finalité pour certains secteurs d’activités. Les plateformes d’entraide et d’échange de bien pour un bien et de service pour un service deviendront des alternatives sérieuses à l’uberisation si redoutée par beaucoup et espérée par tant d’autres.

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