Elles étaient bien présentes au dernier salon de l’Agriculture, et en plein milieu des autres stands : les startups agricoles, qui osent proposer un autre modèle dans un secteur plutôt traditionnel et jusqu’à présent, relativement à l’abri de la vague numérique qui bouscule l’économie.

Typologie des startups agricoles

agriculture de precisionOn note tout d’abord une catégorie de startups plutôt « techno », dans la lignée du « smartfarming » ou de l’agriculture de précision.

Les nouvelles technologies offertes par ces startups permettent aux agriculteurs équipés d’intervenir sur leurs cultures ou leurs animaux avec davantage d’efficacité et de précision, en associant des moyens d’observation (satellites, drones, capteurs) à des outils d’aide à la décision. Le traitement des données apporte des conseils précis aux agriculteurs. Dans cette catégorie, on peut trouver des acteurs désormais très connus, comme Airinov (drones agricoles) ou Weenat (capteurs dans les champs).

Puis il y a les autres… les plateformes, qui mettent en relation des opérateurs de la filière qui l’étaient beaucoup moins avant. Ce sont surtout ces startups qui bousculent les codes et les forces en présence, car elles amènent les acteurs traditionnels à retravailler leur stratégie marketing en incluant l’influence de ces nouveaux entrants.

Une « plateformisation » de la filière agricole ?

J’ai choisi de classer ces plateformes selon les acteurs de la filière mis en relation, avec au cœur du modèle, les agriculteurs :

  • Mise en relation entre agriculteurs: le numérique étend les possibilités d’échanges entre les agriculteurs connectés, et amplifie un phénomène d’entraide déjà existant en local. On peut citer dans cette catégorie la plateforme Wefarmup (location de matériel agricole) ou plus récemment Agrifind (conseil partagé entre agriculteurs, lire l’article sur le sujet).
  • Entre agriculteurs et citoyens / consommateurs: le digital peut être utile pour revaloriser l’image de la profession, et créer du lien entre les producteurs et les consommateurs. Plusieurs startups surfent sur ce créneau, ce sont les plus connues du grand public. On peut citer dans cette catégorie le financement collaboratif de projets agricoles (La startup MiiMOSA en est le principal représentant) ou les plateformes de vente directe de produits par les agriculteurs (par exemple La Ruche Qui Dit Oui).
  • Entre agriculteurs et l’aval de la filière (commercialisation des productions agricoles): le numérique peut permettre aux agriculteurs d’élargir leurs possibilités de commercialisation de leurs productions, et ainsi trouver de nouveaux débouchés pour valoriser au mieux leur récolte. Fini le temps où seul le critère géographique importait pour porter sa récolte au silo le plus proche. Les plateformes de commercialisation des productions (par exemple le nouveau site Biagri, lancé en décembre 2015, surnommé « Le Bon Coin » du blé) mettent en relation acheteurs et agriculteurs vendeurs, qui passent des « petites annonces » pour la vente de blé à la tonne !
  • Entre agriculteurs et l’amont de la filière (approvisionnements des agriculteurs pour l’activité agricole) : les places de marché représentent un nouveau circuit pour l’approvisionnement des agriculteurs en produits nécessaires à leur activité (semences, produits de protection des cultures, engrais, matériel agricole). Un bel exemple à succès sur ce créneau est celui de la startup Agriconomie.com. Tout agriculteur de la génération Y connait désormais cette plateforme, au moins de nom. Il existe aussi de nombreuses plateformes dédiées au matériel agricole. Ces sites ne représentent pour l’instant que 2 à 3% du marché.

Les startups agricoles : un moteur pour l’innovation !

Les startups agricoles peuvent faire peur, avec leurs idées « disruptives » qui viennent bousculer une filière agricole très organisée.

Ce peut-être aussi le tempérament de leurs fondateurs chez qui le concept du #mêmepaspeur prend tout son sens. #mêmepaspeur de monter une entreprise parce qu’ils estiment qu’il y a une place à prendre dans une filière pourtant bien installée !

Elles peuvent faire peur, et pourtant, ces startups sont bénéfiques pour toute la filière et en premier lieu, pour les agriculteurs eux-mêmes. Elles donnent un nouveau souffle, elles sont un levier d’innovation, car elles poussent la filière à résoudre des problèmes auxquels personne n’osait s’attaquer. En effet, les meilleures idées de startups naissent de problèmes existants ou en train de s’installer :  « Plus le problème est grand, plus vous créerez de la valeur ! » (The Family).

Or, des problèmes dans l’agriculture, il semble y en avoir, l’actualité française en témoigne… De plus, l’agriculture doit répondre à un challenge de taille : nourrir une population mondiale en croissance, dans un contexte où les attentes sociétales et environnementales se font de plus en plus pressantes. Accueillons donc les nouvelles idées pour notre filière agroalimentaire avec enthousiasme !

Ces nouvelles plateformes agricoles ne vont évidemment pas rafler 100% des marchés. Les acteurs traditionnels peuvent se baser sur leurs atouts de proximité avec les agriculteurs, sur une relation de confiance sur le long terme. Surtout, la profession encore peu familière avec le web et ses pratiques. Mais une chose est certaine : elles font réfléchir les acteurs en place sur leur capacité d’innovation et sur le niveau de service apporté aux agriculteurs. 

Pour en savoir plus :

  • Le thème de l’évolution des modèles en place est au cœur du nouveau livre de Jean-Marie Séronie. « Vers un Big Bang agricole », à commander sur la Galerie Verte.