Le monde médical exploite les nouvelles technologies pour soigner les patients et faire évoluer le secteur de la santé. De nouveaux outils viennent alimenter, entre autre, les diagnostics et les traitements grâce à la télémédecine, les objets connectés, l’e-santé et la m-santé; et la chirurgie à travers la réalité virtuelle et augmentée et la bio-impression.

Qu’en est-il du secteur de la psychiatrie ? Comment la réalité virtuelle et la réalité augmentée sont-elles utilisées dans le processus thérapeutique ?

Une nouvelle forme de thérapie s’ajoute à celles qui sont déjà connues comme l’hypnose, la méditation, l’art-thérapie, etc. : La Cyberthérapie.

La Cyberthérapie est définie par la thérapie à travers les nouvelles technologies, telles que le Web (réseaux sociaux, plateformes web) ou la réalité virtuelle et augmentée comme compléments aux formes de thérapies habituelles.

Thérapie par la réalité virtuelle

L’objectif de la thérapie par réalité virtuelle (TRV) est de mettre le patient en confrontation avec ses douleurs et/ou ses phobies afin de traiter le malaise. Le patient est immergé dans un monde virtuel fournit de visuels et stimuli auditifs et même olfactifs, difficile d’être crée autrement.

Ce nouvel environnement, la pièce de consultation complètement protégée et la condition (la phobie), est adapté au cas de la personne souffrante, dans lequel elle pourra s’engager. Le patient est accompagné par son praticien tout au long de cet exercice virtuel. Il est rassuré, encouragé et surtout aidé.

Ainsi, le thérapeute paramètre et personnalise le déroulement des séances. Il interrompt la situation et/ou la modifie en fonction du besoin et de la condition du patient. Cette méthode est fortement inspirée par les thérapies comportementales et cognitives.

Phobies et trouble de panique

Les TRV ont prouvé être efficaces au cours de ces 5 dernières années. Elles sont généralement utilisées pour le traitement des troubles anxieux, notamment, les phobies telles que la claustrophobie, l’acrophobie, l’arachnophobie, l’aviophobie et les troubles alimentaires etc.

La réalité virtuelle donne plus de contrôle au psychologue sur ce qu’il va faire à son patient. L’immersion progressive permise par la réalité virtuelle est moins violente que si on expose le patient à une vraie araignée ou à un vrai vol d’avion, souligne le Pr Stéphane Bouchard.

 

Par exemple, IgnisVR propose une expérience interactive grâce à Oculus pour traiter l’arachnophobie.

Arachnophobie VR

Interface pour traiter l’arachnophobie par Ignisvr

Le storytelling que propose IgnisVr permet à l’utilisateur de vivre une expérience virtuelle interactive.

L’expérience utilisateur, est programmée en imaginant toutes les possibilités d’interactions.

À la fin de cette expérience, les données de l’expérience sont exportées vers des fichiers Excel ou des représentations graphiques pour pouvoir être analysées.

 

 

Partant du même principe, l’université de Newcastle crée une salle de réalité virtuelle la  Blue Room (chambre bleue).  Il s’agit d’une chambre d’immersion à 360 degrés composée de 4 grands écrans bleus.

Elle est utilisée comme moyen pour permettre aux personnes à surmonter leurs phobies dans une atmosphère sûre et protégée. Afin de déclencher et stimuler les sens des participants, différentes situations sont projetées.

Les chercheurs de la Blue Room créent cet environnement virtuel pour enseigner les techniques d’interactions aux enfants atteints d’autisme. Ce monde virtuel va leur permettre de mieux comprendre les formes de communications avant de les encourager à les essayer dans le monde réel.

En utilisant cette technologie, 8/9 enfants autistes ont pu aborder les situations qu’ils craignaient le plus et 5 ont été complètement guéris.

Thérapie par la réalité augmentée

Par ailleurs, le traitement par la réalité augmentée a prouvé apaiser les douleurs.

Prenons le cas du Dr Max Ortiz Catalan, de Chalmers University of Technology Department of Signals and systems.
Catalan crée, entre septembre 2014 et avril 2015, une méthode appelée « Phantom Motor Execution » pour traiter les personnes souffrantes de membres fantômes qui ne guérissent pas sous les traitements médicamenteux. Ils représentent 70% des amputés.

Un membre fantôme est la sensation qu’un membre amputé est toujours présent et relié au corps. Elle peut s’accompagner de douleurs intenses.

 

Phantom Motor Execution

Phantom Motor Execution – Max Catalan

L’étude consiste à utiliser les signaux musculaires du membre amputé de 14 personnes souffrantes de la douleur fantôme.

  • Les signaux électriques dans les muscles sont captés par des électrodes sur la peau.
  • Les algorithmes d’intelligence artificielle traduisent les signaux en mouvements d’un bras virtuel en temps réel.
  • Les patients se voient sur un écran avec le bras virtuel à la place du bras manquant.
  • Ils peuvent ainsi contrôler le bras virtuel comme un bras biologique.

 

En conséquence, cela permet au patient de réactiver des zones du cerveau qui ont été utilisées pour déplacer le bras avant qu’il ait été amputé. Ceci pourrait être la raison pour laquelle la douleur du membre fantôme diminue.

Les résultats de notre étude suggèrent qu’il pourrait être efficace d’entraîner le membre fantôme, souligne Catalan.

Cependant, aucun autre traitement existant pour apaiser la douleur de membre fantôme ne génère une telle réactivation de ces zones du cerveau avec certitude.

Ainsi la recherche menée par Catalan crée de nouvelles opportunités pour le traitement clinique. Elle contribue à notre compréhension de ce qui se passe dans le cerveau lorsque la douleur fantôme se produit. Aucun effet secondaire n’a été identifié suite à cette méthode.

 




Malgré tout, ceci n’est pas sans des désavantages.

Les désavantages de la thérapie par la réalité virtuelle

La réalité virtuelle demeure, jusqu’à présent, une aventure sans fin tangible. D’ailleurs, il serait, peut-être, difficile à la personne qui vit l’expérience virtuelle, à plusieurs reprises, de revenir et faire face à la « réalité ».

De même, un abus de la TRV n’est pas sans préjudice. Elle peut causer des désorientations, vertiges, nausées…, on parle alors de « Cybersickness » (le mal du virtuel).

 

En conclusion, la réalité virtuelle et la réalité augmentée ont prouvé être bénéfiques pour traiter les phobies, les douleurs et les hallucinations. Elles peuvent même à long terme réduire les coûts des séances thérapeutiques.
Reste à savoir jusqu’où iront-elles ?
Et si jamais les thérapeutes deviennent des avatars et entrent dans l’expérience virtuelle pour guider leurs patients, quel serait le résultat ?

L’utilisation de cette technologie promet un avenir fructueux et disruptif dans le monde de la psychanalyse.

 

Sources

The lancet
Daily mail
Webmd
La réalité augmentée
Augmented reality
Cybertherapy