Comment Pôle emploi peut-il transformer la révolution numérique en opportunité pour l’emploi ? Eléments de réponse avec une interview vidéo de Reynald Chapuis, directeur de l’innovation et de la RSE à Pôle emploi.

A la découverte d’un nouvel écosystème d’innovation emploi

En novembre 2015, j’ai eu l’opportunité de participer en tant que membre de jury à la finale du “challenge mobilité” organisé par Pôle emploi, un hackhaton mettant aux prises des porteurs de projets invités à créer des services numériques innovants pour faciliter et promouvoir la mobilité des demandeurs d’emploi.

L’équipe gagnante Whire (ex Nsight), start-up de recrutement prédictif

L’équipe gagnante Whire.me (ex Nsight), start-up de recrutement prédictif

Au sein du Lab’ Pôle emploi que je découvrais, aux côtés notamment de Jérémy Lamri (Monkey tie et Lab RH) que j’interviewais quelques semaines plus tard, j’ai rencontré Reynald Chapuis (à droite sur la photo), sorte d’apôtre de l’open innovation.

Pour la petite (ou grande) histoire, l’équipe gagnante Nsight s’est vu attribuer une dotation de 5 000 euros et 3 semaines d’incubation au Lab’ Pôle emploi pour accompagner la mise en place de son projet de start-up, désormais lancée sous le nom de Whire, “ton assistant personnel de recherche d’emploi”.
Le 2e prix a été attribué à
JeuBosse, une expérience sociale et gamifiée “pour prendre plaisir à chercher un emploi”, avec un prototype actuellement en phase d’amélioration.

Un start-upper qui fait bouger les lignes

Reynald Chapuis est depuis 2012 directeur de l’innovation et de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) à Pôle emploi. On le présente comme un start-upper qui fait bouger les lignes en impulsant une démarche de transformation digitale de l’opérateur public basée sur des principes d’expérimentation, d’open innovation, d’open data et de collaboration ouverte.

Sous son impulsion, Pôle emploi a lancé en 2014 un Lab’ pour expérimenter des projets avec des demandeurs d’emploi, des agents de Pôle emploi, des entreprises, des développeurs, des étudiants ou des chercheurs.

Incubé au sein du Lab’, l’écosystème Emploi Store fait également partie de ses réalisations en 2015 : un bouquet de services digitaux pour booster la recherche d’emploi (Emploi store), un catalogue de données ouvertes sur le marché de l’emploi (Emploi store développeurs), une plateforme communautaire pour contribuer à la naissance d’applications mobiles dédiées à l’emploi (Emploi store idées).

Toutes ces initiatives m’ont donné envie d’interroger Reynald pour comprendre comment Pôle emploi s’empare de la révolution numérique pour la transformer en opportunité pour l’emploi.

« On sait qu’on ne sait pas » comme principe d’expérimentation collaborative

Reynald Chapuis porte et développe une vision de l’innovation au service de l’humain, avec une approche agile des sujets marquée par l’expérimentation collaborative (“on sait qu’on ne sait pas” nous dit-il). Il participe activement à cette transformation digitale d’une “vieille institution” qui cristallise les critiques comme les attentes, au regard du contexte de l’emploi marqué par un chômage structurel.

Dans cette vidéo, il nous présente ses activités et sa feuille de route en matière d’innovation et de RSE. Il tire un premier bilan de l’Emploi Store, marqué par une capacité à co-innover et une capacité à ouvrir les données dans un temps court de développement. Il nous présente la genèse du Lab’, positionné tout à la fois comme un lieu et comme une méthode pour tester les innovations. Il revient sur le partenariat avec Bayes impact, l’ONG représentée par le Français Paul Duan, que l’on présente comme le petit génie de la data et qui développe actuellement une application ayant pour ambition de faciliter, au moyen des algorithmes, la mise en relation (le matching) des demandeurs d’emplois avec le marché du travail et de la formation.

Reynald nous présente également la stratégie open-data de Pôle emploi et son rôle de tiers de confiance absolu ; il nous explique pourquoi les jeux de données d’offres d’emploi doivent rester anonymisés en réaction aux critiques de Gilles Babinet.

Pour terminer, j’ouvre la discussion sur deux sujets : l’évolution des pratiques de recrutement avec les algorithmes et la transformation des formes de travail, avec l’essor notamment du travail indépendant.