Mi-novembre avait lieu la 1ère édition d’ « Happy Happening » au Carreau du Temple : un événement pour découvrir, partager et réfléchir aux mutations de notre société sur une multitude de thèmes (entrepreneuriat, cuisine, beauté, sport, déco, politique, associatif…) avec un angle 100% féminin.

C’est en me baladant dans l’espace dédié aux marques  (le Happy Corner) et dans l’espoir inavoué de me remplir le gosier après 3h de conférence que j’aperçois le logo Marmiton au fond d’une allée… Pas folle la guêpe, je me fraye un chemin au milieu des badauds, parviens à atteindre le stand et me décide à satisfaire mon ventre vide en tendant mon bras droit pour attraper un petit macaron chocolat / café parfaitement exécutée, quand un homme m’aborde : « Est-ce que je peux vous proposer un café Melle ? ». Particulièrement gênée mais comédienne de nature, je feins d’ignorer la petitesse de la situation, relâche discrètement le macaron chocolat / café et accepte volontiers la proposition… Quel bien m’en a pris !

Après quelques minutes de discussion, je découvre que je suis face à Mr Christophe Duhamel, co-fondateur et directeur du site Marmiton.org. Ancienne de L’atelier des Chefs et épicurienne devant l’éternel, nous échangeons une vingtaine de minutes autour de cette incroyable « success story » du web parti de rien pour s’imposer au fil des années comme le site de cuisine préféré des Français.

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en électronique et d’un master en marketing management, Christophe Duhamel démarre dans le web en 1995 (chez Allaban WebSystems puis au Crédit Agricole Île-de-France) puis fonde Marmiton.org en 1999 avec 3 autres amis passionnés de cuisine. En 2008, il est nommé directeur marketing d’AuFeminin.com (le groupe qui a racheté Marmiton en 2006) puis directeur du site Marmiton en 2011.

Aujourd’hui, le géant Marmiton, c’est :

  • 60 000 recettes et 1 500 vidéos culinaires en ligne,
  • plus de 10 millions de visiteurs uniques par mois,
  • 100 000 abonnés à sa chaîne YouTube,
  • 400 000 fans sur Facebook,
  • un pas vers le off-line pleinement réussi avec le lancement d’un magazine papier en 2010 devenu depuis n°2 du marché français (avec 2,7 millions de lecteurs).
Magazine papier Marmiton

Après le lancement du site en 1999, Marmiton a lancé son magazine papier en 2010.

 

Ça laisse rêveur…

Retour sur cette belle aventure culinaire, les ingrédients du succès et l’évolution de la recette au cours des 15 dernières années avec Christophe Duhamel himself.

 


 

  1. Qu’est ce qui a permis à Marmiton de s’imposer au fil des années comme le site culinaire de référence en France et de se démarquer de la concurrence (Cuisine AZ, 750g…) ?

Plusieurs choses : sa qualité (relecture et correction de tous les contenus publiés sur le site par les internautes), sa promesse (des recettes d’internautes comme tout le monde) et  l’investissement de son équipe, je pense. Et aussi le fait de ne pas être pressé et de ne pas spécialement chercher à gagner de l’argent à tout prix.

 

  1. Avec le choix de la mise en ligne d’une plate-forme gratuite en 1999, quand et comment Marmiton a-t-il généré ses 1ers revenus ?

Les premiers revenus sont arrivés fin 2000, lorsque nous avons dû créer une structure juridique pour financer l’hébergement. Ces revenus provenaient de la publicité.

 

  1. Comment a évolué le business model de Marmiton depuis ?

Notre modèle n’a guère évolué pendant très longtemps : la publicité (au CPM, je n’ai jamais été fan de l’affiliation et de la publicité à la performance, trop déséquilibrée en défaveur du support). Mais en évitant de faire n’importe quoi : jamais de formats publicitaires intrusifs (qui se placent sur le chemin de navigation de l’internaute).

Depuis 2010, le modèle s’est diversifié, avec le lancement du magazine, puis en 2012 avec le lancement des livres en partenariat avec playBac, en 2013 avec le premier pas dans l’événementiel avec la Journée Marmiton, puis en 2014 avec le lancement des ustensiles Marmiton en partenariat avec GiFi. Maintenant, toutes ces activités hors-pub représentent une partie du chiffre d’affaires de Marmiton qui est loin d’être négligeable ! Comme quoi la diversification est un vrai plus aussi pour les « pure players » !

 

  1. Quel impact a eu le rachat du groupe Au féminin en 2006 sur la gestion, le développement et l’état d’esprit « start-up » Marmiton ?

Ce rachat s’est passé idéalement et nous a permis d’accélérer notre développement grâce notamment à la régie publicitaire d’aufeminin, très professionnelle et très puissante, mais aussi grâce au savoir-faire en termes de référencement (SEO) de l’équipe aufeminin. Mais c’est avant tout une question de confiance. Nous avons eu la chance d’avoir la confiance de la créatrice d’aufeminin (Anne-Sophie Pastel), du PDG qui lui a succédé (Bertrand Stephann), puis aujourd’hui de Marie-Laure Sauty de Chalon, qui a parfaitement compris notre ADN et qui nous soutient et nous pousse à aller toujours plus loin… dans la bonne direction !

 

  1. Que sont devenus chacun les 3 autres co-créateurs du site Marmiton après le rachat (Anne-Laure Vincent, Olivier Aboilard et Jean-Bernard Vérot) ?

Anne-Laure est rapidement devenue DG du groupe aufeminin, avant de partir en 2011 vers d’autres aventures, qui l’ont conduite vers Maxicours, puis vers l’INSEEC en tant que directrice pédagogique. Elle accompagne aussi plusieurs entreprises sur le digital.

Olivier a piloté la technique jusqu’en 2010 où il a fait le choix de retourner dans une structure plus petite. Il vient aujourd’hui  de lancer Dixquinze, une imprimerie nouvelle génération.

Jean-Bernard était proche de la retraite et il a franchi le pas. Il voyage aujourd’hui beaucoup, à la découverte des spécialités culinaires des régions françaises et des pays alentours.

 

  1. Comment est née la communauté Marmiton, qu’est-ce qui la fédère et comment l’alimentez-vous au quotidien ?

La notion de communauté est née dès le départ : le partage et la transmission sont la base du service et son essence même. L’équipe joue un rôle de facilitateur à travers le tri des contenus et l’animation du site et des réseaux sociaux. L’élément fédérateur, ce sont les valeurs de la marque Marmiton : plaisir, générosité, accessibilité, convivialité.
Ce sont ces valeurs que nous portons et qui sont au cœur de toutes nos actions, externes comme internes.

4 valeurs clés qui fédèrent : plaisir, générosité, accessibilité, convivialité.

La journée Marmiton permet de réunir la communauté une fois par an.

  1. En 15 ans, le digital a déjà beaucoup changé notre rapport à la cuisine. Comment va t-il continuer à l’impacter dans les prochaines années ?

Plus d’aide dans toutes les étapes d’organisation et de préparation des repas, à travers les bons services sur les bons supports au bon moment. Mais rien ne remplacera le « coup de patte » personnel.

 

  1. Selon vous, quelles sont les start-up d’avenir dans l’univers de l’agro-alimentaire / de la cuisine ?

Celles qui travaillent sur les objets connectés, notamment celles qui essaient de standardiser les choses grâce à l’open source. Je crois aussi beaucoup à tout ce qui tourne autour de la gamification.

De manière plus proche que nous, les sociétés qui aideront chacun à obtenir des services plus personnalisés de manière plus pratique.

 

  1. La photographie culinaire est une tendance de fond depuis quelques années qui s’installe durablement sur les blogs et via les foodistas. Comment Marmiton y répond ?

Nous proposons aux marmitonautes de partager leurs photos depuis longtemps. Mais surtout, nous alimentons nos différents supports avec des photos professionnelles prises d’après les recettes (nous commandons beaucoup de prises de vue chaque année, et le rythme va s’accélérer). Nous proposons aussi aux marmitonautes de partager leurs recettes en vidéo. Peu s’y sont essayés, mais ça viendra. On montre l’exemple avec près de 2000 vidéos présentes sur notre site.

 

  1. Pour terminer l’interview, je vous propose de nous mettre l’eau à la bouche avec votre top menu Marmiton (entrée / plat / dessert) ?

En entrée, je propose les timbales de Jeanne, une timbale de saumon à la mousse de courgettes qui fait toujours son petit effet.

En plat, un filet mignon en croûte, grand succès depuis longtemps car très facile à faire et spectaculaire.

En dessert, quoi de mieux que le tiramisù ? Pour la petite histoire, je rajoute des miettes de chocolat haché dans la crème du mien, mais chuuut ! 😉

 


 

Un grand merci à Christophe Duhamel pour son temps, sa réactivité et le café !

Personnellement, j’ai profité des fêtes pour tester le filet mignon en croûte et le tiramisu et je confirme : c’est une tuerie ! A faire, à refaire et à mettre à sa sauce surtout.

Ma résolution 2015 du coup ? Me remettre aux fourneaux et je ne sais pas pourquoi mais je pense que le site de recettes de cuisine Marmiton va être une grande source d’inspiration 😉

Bonne année à tous.