Un cours récent, dans le cadre du MBA, m’a donné l’envie de rédiger cet article recensant les principaux dangers issus des principaux acteurs du web aujourd’hui, en passant par le « Cloud » et le « Big Data », à travers ce qui semble constituer le revers de la médaille de la révolution numérique, mais qui n’en est pas forcément un, si l’on se projette dans un avenir sociétal « correctement » digitalisé.
Nous verrons donc dans un premier temps les motifs légitimes d’inquiétudes liés à une digitalisation inéluctable, pour ensuite recenser les raisons d’espérer un monde meilleur dans une évocation de scénarios espérés ou attendus, voire d’ores et déjà anticipés.

LES RAISONS DE L’INQUIÉTUDE

Google pourrait vouloir s’approprier vos contenus en ligne

Un buzz récent, relatant un fait d’intrusion publicitaire de Google, tend à démontrer que celui-ci pourrait, avec son algorithme « hummingbird » parfaitement reproduire du contenu provenant de votre site ou de votre blog pour l’afficher dans ses requêtes comme si cela lui appartenait, et ceci, en toute impunité … Est-ce un dysfonctionnement non-prémédité ou bien un test grandeur nature qui ne dit pas son nom, ouvrant la voie à une généralisation de cette pratique ? Tant mieux pour votre notoriété si cela vous arrive mais tant pis pour votre propriété … !

Les Google glass : sympa ! Mais …

Une arme de destruction massive de votre intimité ?
Je m’explique : dans un monde où l’on est déjà susceptible de se faire photographier, de se faire facilement filmer par celui qui le souhaite, en tous lieux, via des Smartphones de plus en plus sophistiqués (reconnaissance faciale), l’on dispose toutefois d’une soupape de sécurité : il faut encore sortir son téléphone, appuyer sur le bouton, etc. Ce qui vous laisse le temps de réagir, du moins en théorie…
Mais qu’en sera-t-il avec les lunettes Google lorsque tous le monde en portera ?
Mise en situation : dans un restaurant, par exemple, ou dans un lieu public on saura tout de vous grâce à la reconnaissance faciale, et ceci, dès le franchissement de votre porte en direction d’un monde où n’importe qui pourra mettre sur Youtube votre dernière sortie du soir… ? Là où un inquisiteur est prié d’éteindre son caméscope numérique s’il vous filme, pourrez-vous exiger de tous les passants qu’ils fassent de même avec leurs Google-glass … ? De plus, si les lois de l’économie de marché perdurent (il y a de grandes chances…), les prix de vente devraient chuter drastiquement à mesure que lesdites lunettes se démocratisent …
Bien sûr, les gouvernements pourront légiférer mais comment les interdire si elles sont généralisées par ailleurs, dans un environnement mondialisé et interdépendant, à moins de devenir la Corée du Nord ou la Chine et par là même remettre en cause ce qui constitue le cœur l’internet social lui-même : le partage de données individuelles ?).

Google et le droit à l’oubli : une réelle avancée ou une atteinte à la démocratie ?

En effet, si voir disparaître des informations personnelles, dévalorisantes ou inexactes sur soi peut sembler légitime, est-ce néanmoins le rôle d’une entreprise privée de le faire en étant ainsi soumise à un réel risque de conflits d’intérêts ? Qui doit décider de ce qui constitue des faits devant être portés à la connaissance publique (exemple : faits historiques) et ce qui constitue des faits privés ? Sans oublier qu’aujourd’hui tout le monde ou presque peut se transformer en journaliste !
C’est la fin de la neutralité du web qui est en jeu car si tel ou tel contenu est laissé à l’appréciation d’un acteur comme Google, seuls les puissants pourront demander la mise en ligne du contenu de leur choix, en exerçant le lobbying adéquat, au détriment des start-ups dont notre économie a pourtant besoin pour se redresser et créer une valeur et une croissance très attendues …

Gratuité des réseaux sociaux : « si c’est gratuit, c’est vous le produit »

Facebook, par exemple, est le troisième pays du monde en terme d’habitants sauf que ceux-ci sont disséminés sur la planète entière… M. Zuckerberg fait (presque) ce qu’il veut car c’est lui qui fixe les règles au pays de Facebook… C’est le réseau social le plus populaire et le plus connu aujourd’hui mais pas le seul, loin s’en faut. Quand vous cliquez, que vous likez sur les réseaux sociaux, vous envoyez des informations sur vous qui sont une mine d’or pour les sociétés qui les revendent à des compagnies qui vous vendent alors ce dont vous avez besoin, ce dont vous allez avoir besoin et … ce que vous ne soupçonniez même pas avoir besoin… ! Sans compter les organismes non commerciaux chargés de vous « protéger » et qui récoltent une foule d’informations sur vous, même les plus insolites… voire éventuellement … celles qui deviendront répréhensibles dans le futur, au gré de lois qui peuvent changer…
Tiens ! Pratique la touche ID « empreinte digitale » de mon iPhone : plus besoin de taper mon code pour activer mon « device » ! Bon, comme ça au moins je ne suis pas tenté de commettre de délits partout dans le monde et c’est bien pratique si je ne veux pas rester incognito… Mais dans le cas contraire … ?
Prenons garde à la tentation hégémonique desdits réseaux sociaux, qui pourraient facilement « virer leur cuti » dès demain si on n’y met pas les garde-fous qui s’imposent. Twitter, par exemple, n’est pas en reste avec son projet de proposer à ses membres des messages d’utilisateurs auxquels ils ne sont pas abonnés, sur la base d’un algorithme se substituant à notre choix … En effet, c’est si reposant de le laisser choisir à notre place, il connait tout ou presque sur nous : donc c’est lui qui sait ce qui nous convient !
Vivement qu’il nous dise avec qui nous devrions nous unir ou à quel parti politique on devrait adhérer … ! Au delà de l’ironie, le danger n’en est peut-être pas moins réel ?

Une vidéo illustrative : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=8vLSf1i4E7A

Google participerait à un affaiblissement des capacités mémorielles de l’être humain

Une étude publiée dans le magazine « Science » et réalisée par une équipe de trois chercheurs américains, à l’Université de Columbia (*), semblerait à démontrer que notre capacité de mémorielle est fortement influencée par notre relation au Web.
De plus en plus, on fait davantage confiance à Google qu’à sa mémoire pour (re)trouver une information, ce qui fait que l’on se souvient plus facilement où l’on a trouvé l’information que l’information elle-même ! Ce comportement est appelé mémoire « transactive » et l’équipe de chercheurs estime que l’internet s’est substitué aux livres et aux amis, avec une modification dans notre façon d’utiliser notre mémoire.
Toutefois, il est sans doute prématuré de conclure sur un impact fort de Google sur notre cerveau, même si ce dernier a envahi notre quotidien avec plus d’un milliard de connexions uniques chaque mois !

(*) Google Effects on Memory: Cognitive Consequences of Having Information at Our Fingertips » (« Les effets de Google sur la mémoire : conséquences cognitives de l’accès simplifié à l’information »)

Assistera-t-on à une mise en danger de la vie privée des internautes par de nouvelles conditions d’utilisation de Google ?

Depuis le 11 novembre 2013, les conditions d’utilisation de Google ont changé et il est désormais possible d’utiliser vos avis et vos images personnelles dans les commentaires que diffuse Google , même si cela est limité à vos amis, du moins pour l’instant …
Si aujourd’hui vous pouvez décocher l’option dans la page « recommandations partagées » (https://plus.google.com/u/0/settings/endorsements), le saviez-vous avant la lecture de cet article, en toute honnêteté … ?
Et qui dit que cela sera toujours le cas ? Qui dit que Google ne se permettra pas d’étendre cela aux éléments figurant dans votre « Drive », à la faveur de nouvelles conditions d’utilisation édictées … ?

Le Cloud : pratique, facile, puissant, révolutionnant les pratiques mais … inquiétant aussi !

On constate un fort développement du stockage en ligne dans une généralisation à dimension mondiale avec l’amélioration des techniques et des services.
Cependant, cela pose un certain nombre de questions sur la sécurisation des données d’une part, mais qui restent à la fois sans réponse et méconnues des utilisateurs, d’autre part.
Quid du traitement de la confidentialité des données et de leur localisation ?
En effet s’il est légitime de se poser les questions de savoir qui « monitorise » ses données, qui y a accès, quelles en sont les éventuelles fins commerciales et qu’est-ce qui se passe en cas d’intrusion et vol d’identifiants, se pose-t-on la question de savoir où se situent physiquement nos documents numérisés ?
En effet, l’enregistrement se fait sur des machines (serveurs) bien réelles mais qui peuvent être situées à l’autre bout de la planète ! Quelles juridictions sont concernées : est-ce que l’on y a librement accès et le droit de les utiliser, tandis que je suis persuadé du contraire puisque ce n’est pas permis dans mon pays d’origine ? Par exemple Dropbox et Google Drive sont soumis aux lois des USA, ce qui qui permet à la NSA d’y avoir accès sans limitation en prétextant simplement un motif de sécurité nationale, par exemple, comme on l’a déjà vu avec l’affaire Edward Snowden … Sans oublier que les pirates informatiques sont ravis d’avoir un maximum d’informations à disposition en un seul endroit (les serveurs physiques) et ne sont même plus obligés de choisir à l’aveuglette quels ordinateurs individuels il vont pirater … La facilitation d’usage et la praticité du Cloud vaut aussi pour eux, malheureusement …

 

Toutefois, ne noircissons pas le tableau davantage que nécessaire ; en effet, s’il faut parer aux dangers et aux déviances possibles nés de la révolution numérique, ne sombrons pas inutilement dans un pessimisme facile, car les immenses possibilités offertes submergeront rapidement les îlots de risques, pourvu qu’on mette en place les bonnes vigies, aux bons endroits…
Souvenez-vous de l’émergence des premières boutiques en ligne, des premiers paiements dématérialisés, de la psychose de voir piratée sa CB, de voir vidé son compte en banque, et de surcroît, ne pas recevoir sa commande à cause d’une logistique balbutiante ; nombreux furent ceux qui ne crurent pas à la généralisation de l’achat en ligne, en tout cas d’une manière aussi fulgurante que celle que nous connaissons aujourd’hui.
Les mêmes Cassandres qui aujourd’hui alertent sur les dangers du Cloud et de la proéminence de Google rejoindront probablement la cohorte des Cassandres ayant alerté sur les dangers du e-commerce hier…
C’est pourquoi arrêtons-nous maintenant sur les bienfaits présents et avenir inhérents à la facilitation des échanges de données globalisées, suscitée par des acteurs aussi prépondérants et visionnaires que Google et autorisées par des technologies telles que celles ayant fait naître le Cloud.

 

LES MOTIFS DE L’OPTIMISME

Le Cloud, malgré toutes les dérives évoquées, ne va pas sans le Big Data source de progrès indéniables

Je citerais pour commencer un extrait d’un article du blog pour définir ce qu’est le Big Data : « La coexistence des (milliers de) signaux devient la signature d’une situation particulière ou d’un profil particulier. »
Les applications sont infinies avec l’accès à la multitude des informations à condition de savoir les traiter et y accéder en temps voulu.
L’ application la plus disruptive, à mon sens, c’est l’analyse prédictive et les applications infinies qui en découlent ; une des déclinaisons les plus spectaculaires est d’ailleurs policière avec l’exemple de « Predpol » aux USA.
En effet, un algorithme a été conçu, permettant de prédire le lieu et le moment d’un crime (thème du film d’anticipation « minority report »). Une base de données des infractions associée à une formule algorithmique complexe permet de diriger les forces de l’ordre vers les zones criminogènes avant l’heure prévisible du délit…. La sempiternelle question « Mais que fait la police ? » bientôt rangée aux oubliettes ?
Une autre application importante, parmi bien d’autres, c’est une émergence des start-ups facilitée de manière exponentielle par le Big Data, grâce à la démultiplication de l’information et le partage des idées car, contrairement à ce que l’on croit généralement, un projet a plus de chance de voir le jour si l’idée qui l’a fait naître est partagée : plus nombreuses sont les personnes au courant de votre projet et plus de chances vous avez d’obtenir les ressources nécessaires (compétences & financements).

Google, le transhumanisme et la neuro-révolution

Je place dans les bienfaits les projets de google en la matière, car je pense que les bénéfices prendront à terme le pas sur les déviances possibles (philosophiques : impréparation mentale et morale à une vie qui ne se soucie plus de la mort et qui finit par l’oublier, environnementale : surpopulation et diminution des ressources corrélée, sociale : plongeon dans l’inconnu des comportements avec la distorsion entre les ayants-droits à une « vie de 1000 ans » et les autres ; c’est à dire la remise en question de la première des équités : celle de la mort pour tous… ).
En effet, si une chose reste constante tout au long de notre histoire, c’est notre incroyable faculté d’adaptation et il y a fort à parier que l’on aura, de ce fait, aucun mal à s’adapter à la disparition de nos actuelles maladies incurables ou handicaps de toutes natures …
D’un point de vue technologique, les dangers seront, je pense, éliminés aussi surement que le progrès scientifique génère en lui même ses anticorps, par l’apparition ininterrompue de nouvelles solutions généralement insoupçonnées au départ (de par la progression géométrique des innovations et l’interdépendance toujours plus grande entre les différentes disciplines scientifiques) même si cela veut aussi dire une complexité toujours plus grande).
Lors des débuts du chemin de fer en Angleterre, fin XIXème siècle, on croyait que l’on ne pourrait pas survivre sur une locomotive dépassant le 100 Km/h ! Quelques décennies plus tard, l’on ne pensait pas non plus pouvoir survivre au passage du mur du son …

Des bienfaits indéniables pour la science médicale :
-Le séquençage du génome par Google : né du Big Data, en tant qu’application concrète, le séquençage de nos génomes par Google (à travers sa filiale Google Genomics) pourrait avoir des conséquences plus bénéfiques que néfastes (à surveiller néanmoins : le déplacement du contrôle d’états démocratiques vers un contrôle de compagnies privées n’accordant une importance démocratique qu’à leurs actionnaires…). Plus bénéfiques car nous verrions l’ensemble des maladies génétiques vaincues et apparaître des thérapies nouvelles venant à bout du cancer. Il faudra cependant inventer des gardes-fous solides, fondés sur l’éthique et s’il y a là un danger certain, je ne l’ai pas évoqué dans la première partie de cet article, en raison du progrès médical qui, selon moi, interviendra toujours à temps comme régulateur naturel des excès potentiels.
Si l’on pense aux implications éthiques et surtout religieuses, la seule véritable divinité qui vaille, à mon sens, c’est la science car elle seule peut trouver une solution aux souffrances (non natives, elles, de vues de l’esprit ancestrales …), allonger la vie et la rendre plus supportable, jusqu’à engendrer une ère d’harmonie comme un avant goût, non utopique, de paradis retrouvé … Est-ce que Google pourra se transformer en un magistral pieds-de-nez aux fondamentalistes de tous ordres ?

-Google et les nanotechnologies : Google a très récemment annoncé qu’il se lançait dans les nanoparticules (grâce à son laboratoire Google X). Le but est de produire des particules 2000 fois plus petites que nos cellules afin de prévenir les cancer, les maladies cardio-vasculaires et allonger ainsi la durée de la vie en empêchant les maladies avant qu’elles n’apparaissent ou qu’elles se développent… une sorte de « Predpol » médical … ? Une avancée sans doute aussi révolutionnaire pour la médecine que le fut la découverte de la pénicilline ?

A mi-chemin entre le Big Data et les objets connectés : la Google car

Si elle oblige à repenser notre façon de circuler et la sécurité, voire notre responsabilité de non-conducteur (qui est responsable en cas d’accrochage ?), les bénéfices sont encore une fois tellement significatifs qu’ils risquent d’être rapidement et unanimement adoptés. C’est aller à son travail en pouvant avancer sur ses dossiers, en plein embouteillage (un pessimisme persistant…) ou simplement se détendre avec un café et sa revue de presse…
Pour raconter une anecdote personnelle, lors d’un séjour en montagne cet été, j’ai eu l’occasion de faire du bateau sur le lac du Bourget, après que l’embarcation ai été amenée en voiture sur l’appontement. Après une belle balade sur le lac il a toutefois fallu refaire le chemin inverse pour retrouver la voiture et la remorque ; je me suis alors fait la réflexion suivante : avec une Google car (dans un futur proche), plus besoin de rebrousser chemin ; votre véhicule vous attend à l’autre bout du lac, l’ayant programmé pour qu’il vous y rejoigne, vous permettant ainsi de continuer votre exploration sans devoir faire demi-tour … Vous pourriez même changer d’avis, grâce à votre Smartphone connecté, vous permettant de reprogrammer votre Google car vers un autre point de chute, en live … Autre application possible : plus besoin de faire appel à un taxi pour vous rendre à l’aéroport, votre véhicule rentre et revient vous chercher tout seul… Et ça, ça doit parler aux hommes d’affaires et aux « serial » vacanciers … ?

L’avènement de l’impression 3D

Vous pensiez que l’internet et la digitalisation étaient les révolutions majeures de notre époque ? Révisez votre jugement car l’impression 3D arrive et détrônera de manière incontestable l’internet sur le podium des révolutions sociétales & technologiques !

Que ce soit pour ses médicaments ou pour fabriquer le produit de son choix, tout va se passer chez soi et l’on risque de voir une économie industrielle complètement s’atomiser car répartie chez tout un chacun. Et ça, c’est un changement si profond de nos habitudes que nous passeront de l’état de consommateurs receveurs d’offres commerciales à des acteurs-réalisateurs de nos besoins : tout un programme ! C’est à dire que nous assisterons, à terme, à rien de moins que la disparition de la classe ouvrière !
Pour peu que l’on s’y prenne correctement et que la technologie suive (mais comme on l’a vu précédemment nous n’avons pas trop de soucis à nous faire), les problématiques environnementales nées de la production de masse devraient disparaître et c’est là, à priori, le meilleur motif d’optimisme, c’est à dire une extinction (en théorie possible) :
– des excès liés aux dysfonctionnements environnementaux que nous provoquons depuis trop longtemps déjà (la surproduction programmée des multinationales industrielles relayée par un marketing d’écoulement de produits toujours plus « marketés » et nombreux)
-de la « malbouffe » (par un développement en parallèle de l’économie collaborative)
-des inégalités, grâce à la production et à la répartition de biens pouvant être produits par tous et partout.
Un retour au respect de l’ADN terrestre initial sera autorisé grâce à une utilisation harmonieuse des technologies dans une civilisation repensée pour éviter à la fois la destruction et l’épuisement des ressources naturelles et ainsi éviter le scénario d’une terre devenue exsangue.

 

En conclusion, on voit bien que des craintes justifiées issues d’un monde en mutation, à la fois sociale et technologique, peuvent être dans le même temps contrebalancées par le génie humain et sa faculté à trouver des solutions nouvelles à des problèmes nouveaux ; même si l’inconnue principale reste finalement le délai d’apparition desdites solutions.
Le problème réside en ce que les progrès techniques progressent plus vite que notre compréhension des conséquences qui y sont liées, bonnes ou mauvaises…. D’où notre acceptation actuelle de certaines dérives car nous ne savons pas comment, pour le moment, nous en prémunir sans nous priver des avancées …
Le très visionnaire Philip K. Dick, auteur de science-fiction américain du siècle dernier (https://www.youtube.com/watch?v=0-zFRgiqPtk), avait prévu bien à l’avance nombres des changements technologiques que nous connaissons aujourd’hui, mais n’avait pas prévu que nous laisserions faire sans vraiment réagir…
Il faut voir aussi le digital comme une solution à ce que nous considérons comme des dangers aujourd’hui et qui disparaîtront demain, grâce à lui. La prolifération atomique en est un bon exemple ; en effet, il n’y a aucune raison que l’arme atomique ne sois pas aussi possédée à terme par toute nation arguant avoir le droit, elle aussi, d’assurer l’intégrité de son territoire … Et à multiplier les détenteurs de l’arme, on multiplie du même coup le risque que l’un d’entre eux s’en serve, n’ayant pas tout à fait les mêmes préoccupations démocratiques que les nôtres (en tout cas à ce jour…). La solution peut alors venir d’une communication à destination des peuples concernés, dans une individualisation rendue possible grâce aux médias sociaux, comme autant d’outils de pédagogie visant à convaincre les masses de la nécessité d’un désarmement multilatéral, bien loin de toute propagande.
Autre préoccupation, à laquelle on ne pense pas spontanément : si le partage d’informations se généralise, avec la disparition de toute confidentialité, ne va-t-on pas assister à une rétention automatique des informations de valeur ? Si tout le monde est « tracé » (Google Glass, drones espions, traitement inquisiteur du Big Data, etc.), ne sera-t-on pas obligé, malgré nous, de ne faire que ce qui est légal et rien d’autre ? Tant mieux, car ainsi le crime disparaît ! S’exclameront beaucoup d’entre nous … Mais quid du libre-arbitre ? Ne risque-t-on pas d’assister, paradoxalement, à une forme ultime de privation de liberté si nous ne disposons plus de la faculté de choisir entre le bien et le mal ?
Autre fait marquant : on entend souvent prédire la fin des Etats-Unis en tant que première puissance mondiale, au profit de la Chine.
S’il est vrai que nous avons toujours connu au long de notre histoire l’avènement, l’apogée et le déclin de grandes civilisations (Egypte, Grèce et Rome antiques, Empire Ottoman, …), une disruption risque de casser cette règle pour la première fois de notre histoire ; en quelque sorte, une nouvelle civilisation est née avec le digital et a ses fondements aux USA grâce à leur maîtrise technologique ; cette disruption va remettre en cause la prédiction du déclin des Etats-Unis et de l’occident au sens large : avec les leaders digitaux aux US, un état est né dans l’état comme un papillon naît de sa chrysalide, à une différence près et de taille : sa vie risque de ne pas être éphémère comme l’insecte du même nom… Le digital va prolonger la toute puissance des USA en se généralisant « all over the world » ; et la Chine me direz-vous ? Eh bien, elle va simplement retrouver sa place ancestrale où elle représentait environ un tiers de la puissance mondiale, mais elle aura du mal à rattraper le train des avancées technologiques « made in USA » !
Enfin, si le Big Data et son traitement permettent une facilitation de recherche et une assistance bien pratique évitant de (trop) nous creuser la tête, avec l’émergence d’une véritable intelligence artificielle, n’oublions pas pour autant que la connaissance ne sert à rien sans l’imagination, qui est « la » caractéristique fondamentale de l’espèce humaine.
Rappelons-nous la célèbre phrase de Montaigne qui prônait une « tête bien faite » plutôt que « bien pleine » : est-on en train d’assister à l’application collaborative d’une recommandation vieille de cinq siècles ? Assiste-t-on, au contraire, à un dessaisissement de notre libre-arbitre au profit d’entités pour lesquelles l’erreur « humaine » est exclue … ?