Notre mobile comme moyen de paiement ?

Plusieurs indicateurs tels que la hausse du taux d’équipement des français en mobiles, le nombre de transactions réalisées -dans un contexte  de croissance du e-commerce- laisseraient présager d’un envol d’une solution de paiement sur mobile qui tarde toutefois à s’imposer. Les Français sont-ils prêts à cet usage? Quels sont les freins qui persistent sur le mode de paiement sans contact en général et comment les lever ?

Le paiement sur mobile : mode d’emploi 

Ne plus chercher son porte-monnaie, l’ouvrir, avancer pièces et billets … des gestes qui peuvent être remplacés par le passage d’un mobile (ou d’une carte bancaire) devant un terminal de paiement situé dans un commerce physique. Cette solution se veut pratique, simple et sécurisée.

La principale technologie utilisée s’appelle NFC (Near Field Communication ou Communication en Champ Propre). Elle permet à 2 appareils mobiles (mobile et terminal de paiement chez le commerçant) de communiquer et d’échanger des données à courte distance (jusqu’à une distance de 10 centimètres) pour réaliser des achats d’un montant inférieur à 20€. Au-delà de ce montant, et selon la solution de paiement sur mobile choisie, il pourra être nécessaire pour effectuer un paiement sur mobile de saisir un code. 

Ci-joint un aperçu de l’équipement et des usages via la technologie NFC

infographie paiement sur mobile

Qui sont les acteurs de cette solution de paiement sur mobile ?

Depuis 2008, plusieurs opérateurs téléphoniques (Orange, Bouygues, SFR) associés à des banques (BNP Paribas, Crédit Mutuel-CIC, Société Générale) ont tenté de développer cette technologie et d’instaurer des règles de fonctionnement au sein de l’Association Française du Sans Contact Mobile. Les acteurs bancaires voient dans ces solutions, un moyen de substitution aux chéquiers (gestion des impayés, manutention, délais) en mettant en avant l’instantanéité du paiement. Les commerçants, un moyen d’encaissement à moindre coût et plus rapide que la carte. Toutefois, malgré un parc de mobiles compatibles de 8,6 Millions, les utilisateurs restent rares.

Récemment, certains acteurs non-bancaires sont apparus tels qu’Apple et Google  (avec leur solution Apple Pay et Google Wallet majoritairement aux USA), Orange (Orange Cash & Visa), Auchan (Flash’n’Pay).

Quelques exemples de solutions de paiement sur mobile

 Apple Pay : sortie en octobre uniquement aux Etats-Unis

Les iPhone 6 et 6 Plus embarquent une puce NFC. Pas besoin d’entrer son code secret : la transaction est authentifiée grâce à Touch ID (empreinte digitale), un capteur bio-métrique. Côté sécurité, Apple affirme que les données de paiement sont stockées dans le téléphone dans une puce dédiée. Le numéro de la carte bancaire n’est pas transmis au commerçant : un numéro unique est créé pour chaque transaction, avec un code de sécurité également unique. En cas de perte ou de vol du téléphone, la fonction paiement peut être désactivée à distance.

Orange Cash : lancée en octobre

Ce service s’appuie sur un porte-monnaie électronique prépayé et s’adresse uniquement aux clients d’Orange. Ce service nécessite de disposer d’un mobile compatible c’est à dire équipé d’une puce RFID, d’une carte SIM compatible NFC . Il convient également d’aller en agence installer une application dédiée, créer un compte et le recharger avec une carte bancaire ou un virement puisqu’il s’agit d’un porte-monnaie électronique pré-chargé.

Paylib – Crédit Mutuel Arkéa : déploiement en 2016

L’application d’Arkéa -compatible Androïd- intègre l’authentification biométrique avec utilisation de l’empreinte digitale, qui se substitue au code secret et permet ainsi de lever le plafond réglementaire de 20 euros imposé aux paiements sans contact sans authentification. Pour sécuriser les échanges de données bancaires entre le mobile et le terminal de paiement, elle utilise le procédé HCE (Host Emulation Card) : le paiement est authentifié sous forme d’un « jeton » numérique à usage unique (et non le numéro de la carte bancaire), ce qui permet d’éviter de faire transiter les données bancaires entre l’usager et le commerçant. Ces dernières ne sont pas stockées dans la mémoire du téléphone (contrairement à la solution d’Apple) mais dans un « cloud sécurisé ».

BNP Paribas – Service Kix : lancée en 2014

Pour souscrire KIX, vous devez disposer d’un téléphone mobile (sous Android ou Windows), et d’une carte SIM NFC compatibles avec KIX et être détenteur d’un forfait Bnp Paribas Mobile , Orange (Sosh inclus) ou SFR (Red inclus). Il vous faudra télécharger l’application, remplir un formulaire de souscription en ligne, renvoyer le contrat reçu par courrier avant d’activer votre application grâce à votre numéro de téléphone et le code confidentiel à 4 chiffres reçu à la suite de votre adhésion.




De nombreuses solutions existent mais les utilisateurs… qu’en pensent ils ?

Carte bancaire :

  • 54% des cartes bancaires en circulation sont NFC soit 35 Millions de cartes 
  • 18% d’entre-elles sont utilisées pour la fonction sans contact

Quels sont les freins pour le paiement par carte ? 

Selon un sondage Odoxa réalisé en Septembre’15 pour Syntec Numérique :

  • L’inutilité de cette technologie (57%)
  • La méconnaissance (43% )
  • Les bugs (14%)

A noter, une évolution encourageante : 22 Millions de paiements ont été effectués (Sept’14 à Sept15) soit une hausse sur 12 mois de 218%.

Mobile :

  • +80% détenteurs de téléphone n’ont jamais payé dans un magasin ni même en ligne via leur téléphone (Etude mobiles Deloitte).
  • 8% des répondants l’ont utilisé pour payer dans un magasin vs 3% en 2014

Si l’intérêt y est (59% des répondants), seuls 21% seraient prêts à essayer le paiement sur mobile.

Quels sont les freins pour le paiement sur mobile en magasin ?

  • L’insécurité (49%)
  • L’absence de réels bénéfices (41%)
  • La non possession de l’application nécessaire (20%)
  • L’incompréhension de la fonctionnalité (9%)

A noter, par contre, que le paiement mobile en ligne progresse : 31% des français en 2015 vs 19% en 2014.

En conclusion :

Si de nombreuses solutions existent pour le paiement sur mobile, le chemin à parcourir pour convaincre les utilisateurs semble encore ardu, qui plus est sur un marché des paiements de moins en moins profitable. Les acteurs bancaires et non bancaires vont devoir poursuivre leurs efforts d’évangélisation pour garantir une sécurité maximale aux utilisateurs, les rassurer et les informer. Car le choix final du « poser pour payer » c’est le client qui l’effectuera en optant soit pour l’application proposée par les commerçants, soit pour l’application de leur téléphone, soit pour l’application de leur banque. Qui enchantera qui dans ce nouveau parcours client ? Usages à suivre ….