Les Makers ont investi le pavillon 6 de la Foire de Paris 2015. Plus de 700 exposants répartis sur les 6000 mètres carré d’espace qui leur étaient dévolus.
Pour la deuxième année consécutive, ils ont attiré un public friand de nouvelles technologies, des geeks, des familles avec des jeunes enfants. Au final, des dizaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel d’un futur bienveillant le temps d’un week-end.
Qui sont les Makers ?
Pour rappel, le mouvement des Makers est né en Californie au début des années 2000. Il réunit des bricoleurs, des inventeurs, des passionnés du bidouillage qui utilisent le meilleur des nouvelles technologies pour s’amuser et innover. Ils prônent ce qu’on appelle le DIY (le « Do It Yourself ») en mode connecté et collaboratif, en utilisant l’impression 3D comme cheville ouvrière de leur inventivité. La secrétaire d’Etat au numérique Axelle Lemaire est venue saluer cet esprit lors de l’inauguration.
Les entreprises présentes
Au premier abord, il y règne une ambiance familiale : robots musiciens, ateliers de couture et de découpe du bois, essais de stylos 3D, démonstrations de vol de drones.
Parmi les grandes entreprises disposant de stands dans le salon, on peut citer Intel, Microsoft ou encore Leroy Merlin. Les premiers mettaient en avant leur plateforme de développement « Edison », via notamment un rover miniature fonctionnant avec les puces de silicium du leader mondial des microprocesseurs. Chacune de ces puces contient un OS embarqué, s’apparentant à une sorte de mini-ordinateur, qui – après un peu de programmation en javascript – permet de de définir les fonctions du robot. Des kits étaient d’ailleurs proposés, réservés évidemment à un public plutôt averti.
Du côté de Microsoft, on retrouvait une start-up comme 3DSlash. Son logiciel simplissime permet de façonner des objets en 3D en détruisant des cubes, façon Minecraft. Il suffit ensuite d’enregistrer ses créations dans des fichiers STL, le format standard reconnu par la majorité des imprimantes 3D du marché. Une offre sur abonnement qui vise clairement le grand public : si simple que même les enfants peuvent s’y essayer.
Les conférences et projets innovants
Destinés à une audience plus mature – étudiants, entrepreneurs, professionnels ou non du secteur -, les conférences se sont révélées pour certaines passionnantes. Outre les robots-animaux de la ville de Nantes, on y parla de verre connecté destiné aux maisons de retraite (le projet « Swaf« , finaliste du hackaton 2015 organisé par Axa et Microsoft), des innovations dans le cadre de la ville intelligente à Barcelone et de bio-hacking.
Créée il y a 4 ans par un jeune entrepreneur normalien dans un squat d’Ivry-sur-Seine, la start-up « La Paillasse » est particulièrement ambitieuse. En reconditionnant des instruments et machines de laboratoire mis au rebut et en les rendant accessibles au tout venant, dans un espace de co-working dédié, elle « démocratise » l’accès à ces technologies sophistiquées jusque-là réservées aux chercheurs confirmés. Elle favorise ainsi des projets créatifs en open-source dans les secteurs de la biologie, de la génétique, de l’électronique etc.
Plusieurs innovations ont ainsi pu voir le jour : des stylos dont l’encre est produite par des bactéries, des séquenceurs ADN en open source, des composants électroniques bio-dégradables, des scanners analysant des denrées alimentaires et même un bioréacteur en réponse à un appel à projets lancé par la NASA… Selon Thomas Landrain, le fondateur, des spécialistes et amateurs de tous horizons – ingénieurs de chez Sony, étudiants en biologie, chercheurs à la retraite – participent à la Paillasse, ce qui favorise l’éclosion d’idées nouvelles.
Aujourd’hui la start-up, subventionnée par la mairie, dispose de locaux au cœur de Paris et fait des émules en France à Lyon, Bordeaux, Grenoble et même à Manille, aux Philippines. Le serial entrepreneur Gilles Babinet a même qualifié ce projet voué à devenir un incubateur à start-up « le MIT de l’open source »…
Des stands orientés impression 3D, bricolage et bénévolat
Parmi les autres stands, on peut citer celui de Sculpteo, la start-up française orientée vers le grand public qui vous permet d’imprimer toutes sortes d’objets en 3D. Autre projet, celui d’eNable, qui a pour but d’imprimer des prothèses de mains low-cost à destination des handicapés et dispose d’un réseau de bénévoles à travers le monde. Côté « artistique », Maillard & Maillard donne la possibilité de répliquer des œuvres d’arts (bustes, sculptures…) via l’impression 3D pour décorer votre salon. Le résultat est plutôt laid il faut l’avouer, mais nul doute que les technologies vont progresser, et que les résultats se révéleront bluffants dans un avenir proche !
Pour conclure
L’impression 3D est souvent présentée comme la prochaine révolution industrielle, pourtant la plupart des réalisations dévoilées au Maker Faire laissent un sentiment d’inachevé. On ressent cependant un vrai engouement du public pour ces technologies, et c’est bien là l’objectif de cette opération : initier le plus grand nombre à ces outils d’avenir et transmettre des valeurs telles que le partage, la co-création et le « do it yourself ». Etant donné l’affluence, on peut considérer que le pari est réussi.