Le big data se met au sport

Après les nombreux scandales que nous a offerts la planète football, et plus récemment les Football Leaks, vous êtes certainement tous un peu agacés par cette prédominance du sport business. Fort heureusement, des micro évènements comme le Guingamp-PSG du week-end dernier (victoire de Guingamp 2-1 pour rappel) nous remettent un chouia de baume au coeur, mais par intermittence seulement. J’ai la solution pour vous qui avez déserté votre canapé ou le PMU du coin, pour visionner la journée de championnat : j’ai nommé la Fantasy League !

Déjà qu’est-ce que la Fantasy League?

C’est une ligue sportive virtuelle où les participants endossent le rôle de manager d’équipes sportives et rencontrent d’autres joueurs sur la base des résultats des vrais équipes et joueurs. C’est la rencontre du réel et du virtuel en somme. Concrètement, vous commencez un championnat avec un nombre limité d’amis. Chacun dispose d’un budget transferts pour faire son équipe. On choisit un nombre de joueurs minimum selon ses propres intuitions et certitudes. Une fois les équipes composées, la mini-ligue peut enfin commencer. Avant chaque journée de championnat, vous faites votre équipe en tenant compte des blessures, suspensions, stats de la saison etc… Il sera bien sûr possible de faire des transferts (achat ou vente de joueurs) durant la saison. Les résultats de la journée de championnat virtuelle tiennent comptes des résultats réels, et des statistiques de chaque joueur.

Exemple : si Ibrahimovic a marqué un but, cela vous fera +1 au score final. Si Suarez a mordu un adversaire et a été expulsé vous perdrez des points selon un barème, défini par la plateforme sur laquelle vous jouez (voici un exemple de système de notation). Ce même joueur sera indisponible pour la prochaine journée (voir plus dans le cas proposé).

L’objectif final étant bien sûr d’avoir plus de points que votre adversaire pour gagner un match. Vous cumulez ainsi des points pour tenter de remporter le championnat. Le but ultime : chambrer vos amis, gagner des cadeaux ou encore de l’argent sur certains sites.

Si vous n’avez pas bien compris, regardez cette vidéo proposée par MPG :

Techniquement, cela fonctionne avec le big data. Les opérateurs utilisent les même statistiques que les clubs professionnels. La force d’un jeu de Fantasy League est de retranscrire la réalité du terrain au travers de son algorithme d’attributions de points.

Un marché dominé par les Etats-Unis

Ce phénomène, aussi appelé rotisserie, roto ou fantasy sport, a débuté au pays de l’Oncle Sam dans les années 50, avec le golf. Aujourd’hui, il est très présent dans le quotidien des américains. Au départ, tout était sur papier et les calculs statistiques faits main. Complètement inimaginable maintenant!

Internet a largement changé la donne et l’arrivée des datas a permis d’accélérer le phénomène de façon exponentielle depuis les années 2000. De nos jours, on dirige des équipes de foot US, basket-ball et base-ball. D’autres sports ont fait leur arrivée comme les sports auto, le football ou encore le tennis. En 2016, le Fantasy Sport occupe le quotidien de plus de 56 millions d’américains et génère plus de 5 milliards de dollars (une vidéo Youtube qui explique le fonctionnement du marché US). De nombreux sites internet et émissions radio en parlent chaque jour, et une série a même fait son apparition, « The League », en 2009. En résumé, un marché avec des enjeux colossaux.

Fanduel

Les principaux sites de jeux outre atlantique sont Draftkings et Fanduel, valorisés à 1,3 milliard et 1 milliard de dollars. Ils ont levé respectivement  65 millions et 70 millions de dollars en 2015,  soit plus que Twitter et LinkedIn au même niveau de développement.

Et nous alors dans tout ça?!

Et bien nous on joue beaucoup moins… Beaucoup moins que les américains, mais aussi beaucoup moins que nos cousins anglais qui sont aujourd’hui près de 8 millions (soit plus de 10% de la population) à prendre part à cet engouement virtuel, véritable mix entre paris sportifs et Football Manager, célèbre jeu où l’on est amené à prendre les rênes d’un club de foot pro.

Mais pourquoi tant de retard ?

A cette question, plusieurs réponses possibles : engouement prononcé des américains et anglais pour les statistiques et paris en ligne, fréquence des matchs plus élevée, notre désintérêt actuel pour le sport business, j’en passe et des meilleures.

Pourtant de nombreux acteurs français proposent des choses depuis quelques années :

Principalement des fédérations nationales, en partenariat avec des grandes marques, comme vous pouvez le constater.

Des startups comme MPG, pour Mon Petit Gazon, qui a sorti son appli mobile ce mois-ci, commencent à prendre le pouvoir. MPG, à la différence de ses concurrents, propose de jouer contre ses amis et non contre des inconnus. Ils ont réussi à créer un état d’esprit bien particulier, convivial et parfois potache.

MPG

La start-slow, comme s’en amuse Martin Jaglin, un des fondateurs, a été créée il y a 10 ans. Elle s’est relancée en septembre 2016 avec de vraies ambitions : populariser les Fantasy League et conquérir l’Europe. Pour le moment, pas d’argent en jeu, seulement le plaisir de battre ses amis. MPG nous propose tout de même de parier sur son équipe via Winamax.

 

La monétisation arrive

Ce dernier est aujourd’hui le seul acteur français sur le marché à proposer un système monétisé avec le Jeu de l’entraineur. On peut ici miser sur sa sélection chaque semaine et gagner de l’argent en fonction des résultats du weekend.

WinamaxCe système très répandu au USA et en Angleterre est appelé Daily Fantasy Sports. Plus récemment, Oulala, startup basée à Maltes, a lancé son jeu de fantasy football en France. Oulala se veut être le leader européen en la matière, en proposant un algorithme très précis et complet. Si vous voulez gagner de l’argent, ne vous inquiétez pas ça arrive !

L’ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux en Ligne), autorité qui régule les paris sportifs et poker en France, a lancé une procédure en avril 2016 afin de réguler le marché. Ce texte définit le cadre légal, mais aussi technique, de la Fantasy League. Seuls les opérateurs agréés pour des paris sportifs en ligne pourront proposer une offre. Une licence devrait donc arriver dans les prochains mois, et nous ne sommes pas à l’abri de voir débarquer sur le marché les géants américains Draftings et Fanduel.

Un marché avec des enjeux colossaux

Le Fantasy Sport en France n’en est encore qu’à ses prémices mais avance au rythme du big data. On le voit avec les clubs professionnels qui l’utilisent de plus en plus pour évaluer la performance de leurs joueurs, mettre en place des tactiques de jeu ou encore recruter de nouveaux talents. Les médias parlent de plus en plus statistiques dans leurs émissions ou journaux, et nous autres, simples mortels, commençons à nous y intéresser de près avec les jeux fantasy.

Malgré les quelques 20 ans de retard que nous avons avec nos amis américains, le marché est bel et bien en train de se structurer. Ce manque à gagner devrait être comblé dans les prochaines années, grâce notamment à l’ARJEL. Ceci va permettre à de gros acteurs du marché de venir s’installer en France, mais aussi très certainement la création et le développement de start-ups, comme MPG et Oulala.

D’ici 5 ans, ce type de jeu devrait devenir incontournable chez nous, et plus largement en Europe. Et si vous n’y avez pas encore pris part, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour sur le site de Mon Petit Gazon pour tester vos talents de manager. Dorénavant vous allez aimer le lundi matin !