Leadership, Disruption, Passion, ces trois mots animent ma vie professionnelle et personnelle depuis mon passage à San Francisco. Je vous propose une escale en Californie du Nord dans la célèbre Silicon Valley à la découverte de la culture américaine.

Part 1 : Intro

Quand on pense à San Francisco on y associe immédiatement Google, Apple, Facebook, Twitter, LinkedIn, Uber, Dropbox et bien d’autres entreprises à succès qui font depuis de nombreuses années partie intégrante de notre quotidien.
Avec San Francisco le “rêve américain” n’est pas prêt de disparaître. La ville et sa célèbre Silicon Valley attirent chaque année des entrepreneurs et des étudiants du monde entier.

J’ai eu l’opportunité de vivre pendant une année à San Francisco. Une formidable expérience qui m’a permis de mieux comprendre la culture américaine au travers d’un programme universitaire et d’une expérience en start-up.

 

Début du projet : “Where is Bryan?”

 

Fraîchement diplômé en 2010, j’étais initialement destiné à travailler dans le droit bancaire. Toutefois pour réussir dans ce secteur, partir une année à l’étranger parfaire mon niveau d’anglais s’est avéré indispensable.

Très peu emballé par les destinations proposées par le service Erasmus de mon université, j’ai décidé d’opter pour un séjour aux USA combinant des cours d’anglais et un programme universitaire au sein de l’Université de Californie Berkeley située dans la baie de San Francisco.

N’ayant jamais quitté ma Provence natale, envisager ce type de séjour me paraissait un peu surréaliste. Toutefois l’idée de sortir du droit et d’étudier le business américain s’est avéré comme un projet “challenging” qui j’ai souhaité relever.

Dossier validé, je m’envolais quelques mois plus tard direction les USA à la découverte de la Californie. Après 3 mois de cours intensif en anglais, je recevais mon acceptation définitive à UC Berkeley.

UC Berkeley Campus

Part 2 : USA, un système universitaire où chacun peut s’épanouir et trouver sa voie

Quand on pense à UC Berkeley il nous vient tout de suite à l’esprit l’image d’une université prestigieuse au frais de scolarité élevés. Je confirme que ce type de programme est un investissement personnel et financier important. Toutefois, étudier dans un établissement de cette dimension vous apporte bien plus que des connaissances pédagogiques.

J’ai tout d’abord été étonné par l’organisation disruptive du système universitaire américain. Il faut savoir qu’aux USA les étudiants américains n’ont pas à choisir d’orientation avant leur troisième année universitaire. En effet une fois leur bac en poche, ces derniers vont effectuer deux premières années universitaires “générales” au cours desquelles ils auront la possibilité de sélectionner des classes dans n’importe quelle filière d’étude et quelque soit leur bac. Le système américain étant un système de cours à la carte, les étudiants choisissent chaque semestre 4 à 5 classes ce qui leur permet d’essayer un maximum de matières et d’avoir une meilleure idée de leur choix d’orientation en 3ème année.

Il ne fait aucun doute qu’un grand nombre d’élèves français aimeraient bénéficier de la souplesse de ce système.

Au delà de la flexibilité des cours, j’ai été également marqué par la proximité des professeurs avec leurs étudiants. Un enseignant aux USA qu’il soit instructeur dans un lycée ou Maître de conférence à UC Berkeley est avant tout un passionné aux méthodes d’enseignement bien éloignées des standards français. La plupart des supports sont envoyés avant le cours pour être par la suite discutés en classe ce qui facilite considérablement l’apprentissage. Pour les américains, “apprendre sans comprendre n’est que ruine de l’âme” pourrais-je adapter la citation de Rabelais. A titre d’exemple, certains instructeurs nous donnaient volontairement les sujets des examens et nous autorisaient parfois même d’utiliser le cours pendant les partiels. Autre point “agréable”, nous devions noter nos professeurs à chaque fin de trimestre ce qui permettait à l’administration de faire un suivi qualitatif des cours. Une sorte de “donnant donnant” qui instaurait un véritable esprit de collaboration entre le professeur et l’étudiant.

 

Plus que la préparation d’un diplôme, la transmission d’un savoir-faire et d’une culture business

 

Gene Hendrix professeur de management symbolisait à lui tout seul la culture californienne du business. Méthode d’enseignement disruptive (jeu de société en classe, concours d’obstacles en équipe dans les couloirs) chacun de ses cours se terminait par un devoir maison avec pour unique sujet : “What have you learned in class today ?” Rares étaient ceux qui obtenaient la note maximum. Il m’a fallu un long moment et de nombreux échecs pour comprendre qu’il n’y avait en réalité qu’une seule et unique réponse “I’ve learned how to be successful : to love what you do, to work hard, & to have a team spirit.” Au travers du jeu nous apprenions à nous connaître, à travailler en équipe dans un esprit de compétition tout en prenant du plaisir. Le “plaisir” ou “Having fun” est l’élément moteur de la réussite professionnelle aux USA.

UC Berkeley Management Class

UC Berkeley Management Class

Un modèle de management disruptif qui a été appliqué dans les années 90 par Herb Kelleher PDG de Southwest Airline compagnie aérienne alors en faillite. Succès immédiat pour ce dirigeant qui a su par son leadership inédit fédérer autour de lui ses employés.

We believe that our job is not only to provide a far more reliable service at far lower fares but also to provide a spiritual fusion of fun, warmth, hospitality […] for both employees and our passengers” (reportage sur Herb Kelleher).

Une culture du leadership que l’on retrouve dans un grand nombre de sociétés à succès de la baie de San Francisco.

Mark Zuckerberg CEO Facebook

Mark Zuckerberg CEO Facebook

 

Part 3: Un employé heureux, c’est un employé performant

Le système universitaire américain inculque en réalité dès la première année le modèle de l’entrepreneuriat. Grâce à sa souplesse et sa flexibilité, les étudiants managent leurs études universitaires comme si il manageait leur propre entreprise. Un monde de l’entreprise qui est lui même omniprésent sur les campus. En effet la plupart des “University” américaines intègrent des centres de recherches qui donnent la possibilité aux étudiants de pratiquer directement leurs cours dans un milieu professionnel.

Le monde de l’entreprise n’est dès lors que le simple prolongement de l’université ce qui facilite l’intégration des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Un système professionnalisant qui m’a permis de m’adapter rapidement lors de mon stage dans la start-up Docker Inc.

Un article de Nicolas Capitoni directeur Europe de l’opérateur américain Masergy résume parfaitement les différences culturelles entre la France et les USA. Sa description étant totalement en adéquation avec mon expérience, je me suis permis de reprendre quelques un de ses axes pour vous présenter ma vision du monde des start-ups aux USA.

Pas d’horaires fixes : Dans une start-up américaine il n’est pas rare de voir des bureaux vides notamment ceux des ingénieurs informatiques. La plupart des développeurs apprécient de travailler de chez eux ou rester tard le soir ce qui les met parfois en décalage avec les autres services. Des habitudes qui pourraient être mal perçues en France mais pas en Californie où l’entreprise s’adapte aux profils des employés et se concentre sur les résultats.

Culture du Positivisme et du “donner envie” :Si vous travaillez aux USA il n’est pas rare d’entendre des  « Awesome » – « Great Question » – « Amazing » décrit Nicolas Capitoni dans son article. Un enthousiasme que l’on retrouve également dans notre quotidien aux USA dans les commerces, les restaurants, les bars etc.. Attention toutefois, derrière ce positivisme, il faut également savoir déchiffrer les codes et adapter notre discours “français”. Notre franc parler peut parfois perturber les interlocuteurs américains habitués à un discours moins direct.

Leadership : Comme le note justement Nicolas Capitoni on est toujours surpris de l’aisance des leaders américains sur scène et face caméra. Nous “français” sommes clairement bien moins à l’aise avec cet exercice. Ce travail de mise en scène est appris dès les premières années d’école aux USA où le théâtre (“Art”) fait partie des classes les plus populaires. On la retrouve également dans les universités.

Le Tutoiement : Fini la barrière du vouvoiement ! Parler anglais permet d’engager plus facilement des conversations et rend l’approche business plus facile. Un vrai plus dans un pays où “networker” est incontournable pour développer son business. Il est également très courant d’appeler les gens par leur prénom dans la vie personnelle et professionnelle.

Culture de l’Échec : Trouver un job aux USA est très différent de trouver un job en France. Il faut vendre une valeur ajoutée, une histoire. L’optique française de dire “je peux faire ce que vous demandez” ne fonctionne pas.  Parler de ses erreurs (“Learning from your mistakes”) est très bien vu dans un entretien d’embauche. Nicolas Capitoni le décrit parfaitement dans l’article “l’échec est perçu d’une manière radicalement différente sur le modèle de certaines start-up de la Silicon Valley qui recrutent uniquement des personnes qui ont échoué dans la création de leur business.”

Une législation moins rigide : A l’inverse de la France, le droit du travail est beaucoup plus souple aux USA. Il est très facile pour l’entreprise de se séparer d’un employé ce qui les rend plus agiles. Une culture de la “précarité” dont il faut avoir conscience avant de travailler aux USA. Il n’est pas rare de voir des américains avoir deux emplois pour vivre.

Face à l’explosion des nouvelles technologies et l’apparition de nouveaux métiers, une méthode de management disruptive est apparue depuis quelques années dans les start-ups de la Silicon Valley : la méthode ROWE “Result Only Work Environment”

Qui n’a jamais rêvé de partir surfer le matin avant d’aller travailler et de prendre autant de jours de congés qu’il le souhaite?

Et bien certaines start-ups à San Francisco vous le permettent. Cette méthode de management totalement disruptive propose au salarié tout comme dans les universités américaines d’évoluer en autogestion. Elle lui laisse fixer ses horaires de travail, organiser son planning, tout en lui offrant des conditions de travail optimales avec des prestations de service dignes d’un village de vacances (restauration gratuite 7/24, service de navettes, salle de sport et de jeux etc…) Le salarié doit se sentir chez lui au travail. Son seul impératif sera d’atteindre les objectifs fixés par ses supérieurs dans les temps.

Google Office

Chris Dale, Manager of Global Communications for Google and YouTube

 

Final : San Francisco – Paris

Si vous aimez le digital et les nouvelles technologies San Francisco propose une expérience à part entière. Travailler dans cette région permet de découvrir tout le potentiel des nouvelles technologies tout en expérimentant une ville à la culture unique. Car San Francisco c’est également une terre d’artistes héritière des mouvements hippies des années 70, une terre de liberté fondatrice des droits de la communauté homosexuelle, et surtout une terre d’accueil qui puise sa richesse sur son cosmopolitisme.

America is a nation of immigrants” (Matthew Hughes-Article).

SFO San Francisco Airport Protest January 2017

SFO San Francisco Airport Protest January 2017

Argentins, chinois, malaisiens, coréens, russes, japonais, espagnols je peine à me souvenir de toutes les nationalités présentes sur le campus. C’est aussi cela la force de la Californie bien loin du patriotisme parfois omniprésent de certains états américains. Les USA et la baie de San Francisco accueillent depuis toujours des populations du monde entier et s’enrichissent chaque jour de ce meltin pot. Un véritable réseau international à portée de main pour tous les entrepreneurs internationaux qui se doivent, plus que dans n’importe quel autre pays, de développer leur “network” en rencontrant du monde en permanence.

 

Vivre à l’étranger c’est également l’occasion de revenir avec une image différente de notre pays

 

L’objectif de cet article n’est pas d’idéaliser ou de faire la promotion des USA. Chaque pays a de bons et de mauvais côtés. Endettement des étudiants, coûts très importants des assurances santés, communautarisme, racisme, précarité, chômage etc.. J’ai été également confronté durant mon séjour à cette Amérique qui se bat pour survivre loin des “success stories” californiennes. Un rappel à la réalité qui me permet désormais d’apprécier notre pays à sa juste valeur.

Car même si la France ne propose pas encore les mêmes conditions de développement pour les start-ups, notre pays regorge de talents comme l’ont prouvé les dernières conférences du CES de Las Vegas. La création du réseau FrenchTech et l’ouverture en 2017 à Paris de l’incubateur de start-ups  Station F symbolisent l’ambition retrouvée et le potentiel de notre pays.

Un succès grandissant qui séduit également de grands groupes français qui souhaitent eux aussi attirer les nouveaux talents en mettant en place des programmes d’accompagnement de start-ups ou de détection d’innovations internes appelés “Labs”.

Nous sommes à l’aube d’une révolution numérique où toutes les générations X Y Z sont invitées alors “Stay Foolish, Stay Hungry”* et à vous de jouer!

 

Au plaisir d’échanger avec vous sur cet article et vos expériences.

Damien Calvesi

 

LinkedIn : Damien Calvesi

Twitter : @Damian_cal

Damien Calvesi - Google Campus Mountain View CA

Damien Calvesi @ Google Campus, Mountain View CA

 

 

*”Stay Foolish, Stay Hungry” – Discours de Steve Jobs à Stanford University 2005

 

Pour aller plus loin :

Acquiring Silicon Valley know-how the key to success for French startups? – Romain Serman Directeur Bpifrance USA basé à San Francisco.

5 choses à savoir avant de se lancer dans la Silicon Valley – Quentin Guignard, étudiant MBA MCI

 

Sources :

Photo 1 : UC Berkeley

Photo 4 : Mark Zuckerberg 

Photo 5 : Google Ali Dsh